Rédigé par la Communauté d'Agglomération Pays Basque
Websérie, Pays Basque, l'écologie en Action
Au cœur du centre-ville d’Hendaye, le groupe scolaire Saint-Vincent ressemble à un petit laboratoire des possibles. Mobilités douces, compostage des restes de la cantine, création d’un potager pédagogique, nettoyage des plages, installation d’un repair café, mise en place d’un réseau d’entraide et de co-apprentissage entre parents, aide aux sans-abris… ici, tout est pensé et organisé autour des questions écologiques et sociales.
Un projet collectif engagé il y a plus de 12 ans avec l’arrivée du directeur du collège Philippe Bancon. Pour cet ancien délégué général des Scouts et Guides de France, à la fibre verte assumée, l’école est dans son rôle quand elle essaie « de donner des motifs d’espérance pour la jeunesse, dans un monde pas toujours très coloré. » Mais le pédagogue ne cherche pas à convaincre, plutôt à entrainer « Nous ne sommes pas une association militante, réfute-t-il d’emblée. Tout se fait sur la base du volontariat et dans le cadre scolaire uniquement. »
Un mouvement collectif
Les actions mises en œuvre ont toujours un but pédagogique, en lien avec les enseignements en classe. Mais pour que les projets s’ancrent dans la durée, ils doivent aussi impliquer systématiquement cinq autres composantes, insiste Philippe Bancon, en montrant la charte d’établissement qui acte ces principes : « Nous devons toucher les élèves évidemment mais aussi les professeurs, les parents, les infrastructures et enfin le territoire, en recherchant des partenaires locaux sur qui nous appuyer. » Parmi les premiers chantiers lancés, celui des mobilités a servi de galop d’essai. « Nous avons été accompagnés par Recycl’Arte (NDRL : une association hendayaise de promotion des mobilités douces) pour structurer notre démarche », raconte le directeur.
Après une phase de diagnostic, un plan d’actions est mis en œuvre. L’école et le collège achètent une flotte de 35 vélos d’occasion et installent dans leurs murs un atelier de réparation ; les enseignants se forment pour encadrer les sorties scolaires à vélo et accompagnent des élèves pour qu’ils deviennent référents mécaniciens. Ils mettent aussi en place une application de covoiturage et organisent un plan de mobilités pour inciter les parents à changer leurs habitudes de déplacement. « Toujours dans cette idée de fédérer, d’entrainer un mouvement collectif », insiste le responsable.
La révolution jusque dans les toilettes
L’établissement ne suit pas de feuille de route toute tracée et ne se fixe pas d’objectifs à atteindre. « Nous pilotons par vents favorables, explique Philippe Bancon. A chaque fois qu’une opportunité se présente, nous interrogeons nos pratiques et nous essayons d’aller le plus loin possible dans la cohérence. »
L’an dernier, le groupe scolaire a encore passé un cap supplémentaire en s’attaquant de front à la question des toilettes. « Un impensé de nos établissements », justifie Philippe Bancon qui a tout de suite vu le potentiel transformateur derrière le chantier de réfection des WC. « Chaque année, nous gaspillons des milliers de litres d’eau et nous perdons une ressource précieuse. » Aidé de l’Agence de l’eau Adour-Garonne, il a fait installer des urinoirs sans eau et des toilettes sèches « mais avec un procédé novateur. On ne voit et on ne sent rien ! », partage-t-il satisfait, en montrant la ventilation qui renvoie les odeurs à l’extérieur. L’établissement est le tout premier en France à mettre en place la collecte des urines de ses élèves. Après plusieurs mois de test dans les sanitaires des filles, le dispositif a finalement été généralisé à l’ensemble des lieux cette année, toilettes des professeurs inclus. Mais la transformation ne s’arrête pas là !
Grâce à l’appui technique de B.L.E (NDRL : une association qui aide à développer une agriculture biologique au Pays Basque) et du laboratoire scientifique LEESU, le groupe scolaire a monté de toutes pièces une filière de recyclage avec un maraîcher hendayais et trois communes alentours qui réutilisent les urines comme fertilisants. Pour Philippe Bancon : « C’est une boucle hyper vertueuse ! Moins d’achats d’intrants pour les agriculteurs, des économies d’eau mais aussi moins de traitements pour les systèmes d’assainissement. » Jamais à cours d’imagination, le directeur visionnaire aimerait demain répliquer ce modèle dans d’autres écoles ou lieux publics du Pays Basque et créer une coopérative pour piloter tout le système. « La mise en place est simple et peu couteuse. »
Enseignant en SVT, Imanol Rattinacanou croit fermement au projet, lui aussi. Il se sert de l’outil pour illustrer ses cours sur les économies d’eau, la nutrition des plantes ou encore la qualité des milieux aquatiques. « Ça me permet de casser certaines postures d’enseignement, d’être davantage dans le concret pour ceux qui sont moins scolaires », explique le jeune professeur. Il projette déjà l’an prochain d’organiser une sortie en mer pour faire découvrir aux élèves une aire marine protégée. « Nous essayons toujours de raccrocher la pédagogie avec des expériences de vie.
C’est d’eux-mêmes qu’ils doivent devenir écocitoyens ! »
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Légende : Les 400 élèves du collège ont rapidement adopté les nouvelles toilettes sèches et urinoirs. Grâce à ces équipements, l‘établissement a réduit de trois-quarts ses consommations d’eau. © Groupe scolaire Saint-Vincent